La réforme de la Santé au travail : une question de mise ?

La langue française a ceci de merveilleux qu’à partir d’un seul mot, elle peut exprimer une multitude d’idées ou de situations, parfois totalement antinomiques.

Prenons par exemple le verbe mettre et le substantif « mise » qui en est tiré : tel Cyrano dans sa fameuse tirade des nez, ils disent tout des pensées, des sentiments, des actes, de la Vie, de la Mort aussi…

De la mise en chantier à la mise à l’eau, en passant par le mise à feu, la mise en action, la mise en jambe, la mise en train, la mise en service et la mise en œuvre, sans oublier évidemment la mise bas, les « mises » synonymes de démarrage ou de naissance sont nombreuses.

Celles exprimant l’action, le progrès, sont également légion : mise à jour, mise en forme, mise au point, mise en ordre, mise en page, mise en scène, mise à l’honneur, autant d’expressions positives accompagnant le travail de création de l’Homme.

Les « mises » reflétant doutes et difficultés ne manquent pas non plus : de la mise en veilleuse à la mise en garde, de la mise entre parenthèses à la mise en cause, de la mise en accusation à la mise à l’écart, elles sont hélas de plus en plus fréquentes.

Sans que cette liste soit exhaustive, nous ne pouvons ignorer ce que les « mises » peuvent avoir de pire avec la mise à pied, la mise à l’index, la mise à sac, et, en guise de conclusion de cette rapide mise à plat, la mise à mort…

En quoi toutes ces « mises » nous concernent-elles ? En rien et en tout puisqu’elles accompagnent naturellement toute construction humaine, dont la Santé au travail.

Le problème est qu’aujourd’hui, les « mises » à connotation négative semblent se multiplier…

Et encore ai-je omis d’en évoquer bien d’autres, comme la mise à prix, la mise à l’encan et la mainmise ; or, après réflexion, dans le désordre ambiant d’une sorte de super casino mondial, alors que la toute puissance d’intérêts financiers désincarnés semble s’imposer partout aux dépens de la vie réelle, la Santé au travail pourrait-elle être un objet de spéculation et son avenir se réduire à une question de « mise », au sens que lui donnent les parieurs ?

Simple question bien sûr, à l’occasion de la mise en ligne de cet article, la centième sur le site, conduisant à la formule rituelle : Faites vos jeux ! Rien ne va plus !

Gabriel Paillereau

Copyright epHYGIE août 2011

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