Santé au travail : Elargir l’horizon (Michel Guillemin, Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement)

Dans la masse de documentation disponible sur la Santé au travail, il est important de fouiller, de trier pour en extraire les « pépites ». Parmi celles-ci, l’éditorial de Michel Guillemin, Elargir l’horizon, publié dans le dernier numéro des Archives des Maladies Professionnelles, que nous diffusons sur notre site avec l’aimable autorisation des Editions Elsevier Masson.

Je n’entrerai pas dans le détail de cet article, que je laisse à chacun le soin de découvrir.

Deux extraits (les titres en caractères gras ont été rajoutés par mes soins) suffisent à en montrer l’intérêt :

Du mépris dans lequel sont tenus les Médecins du travail, les Préventeurs, et, d’une façon générale, la Santé au travail et la Prévention des risques professionnels

« Je ne suis pas médecin du travail, mais j’ai une grande admiration pour les hommes et les femmes qui ont choisi cette profession par vocation, pour prévenir les maladies professionnelles et aider les travailleurs(euses) en améliorant leurs conditions de travail. Les médecins du travail sont au front ; ils côtoient chaque jour la souffrance au travail et œuvrent pour la supprimer ou du moins l’atténuer. Ce ne sont certainement pas des arrivistes… ils auraient sinon choisi une autre spécialité. Et il leur faut supporter d’être souvent considérés avec un certain mépris par leurs confrères d’autres domaines de la médecine. D’ailleurs, toutes les professions de la santé au travail sont « déconsidérées » par les autres disciplines. Moi-même, qui suis d’une « espèce » presqu’inconnue en France (un hygiéniste du travail) ,je n’étais pas bien vu de mes collègues chimistes à l’université : selon eux, je m’intéressais à une science insignifiante, voire inutile. Il faut donc « y croire » pour faire de la  prévention dans le domaine de la santé et sécurité au travail ! »

De l’expression « politique » de la menace qui pèse sur le champ de la Santé au travail

« C’est probablement la déclaration de David Cameron, en janvier 2012, qui illustre le mieux les préjugés tenaces dont souffre la santé au travail : « And there is something else we are doing : waging war against the excessive health and safety culture that has become an albatross around the neck of British businesses » (Trad. de l’auteur : il y a quelque chose d’autre que nous sommes en train de faire : faire la guerre contre la culture excessive de la santé et sécurité au travail qui est devenue un boulet pour l’économie britannique). »

En montrant combien la Santé au travail occupe une part importante de la Santé publique, en présentant les tendances actuelles et les nouveaux champs scientifiques à explorer, Michel Guillemin libère le champ de la Prévention et rend à tous les Professionnels l’honneur et… le bonheur de faire ce qu’ils font, leur permettant de respirer quand certains n’ont d’autre objectif que d’étouffer leur discours…

Comme il l’écrit en conclusion de son propos, « Elargir l’horizon de la santé au travail, c’est prendre en compte toutes ses dimensions « insoupçonnées », c’est développer les domaines émergents et enfin, c’est agir à son propre niveau pour que tous ces progrès potentiels deviennent des réalités. »

« Oser rêver un monde meilleur, c’est déjà participer à sa création ! »

Merci, Michel, pour ton discours, lucide, courageux et salutaire, qui mérite d’être salué bien bas dans le contexte actuel.

Gabriel Paillereau
Copyright epHYGIE juin 2013
Photo GP

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Je rappelle que Michel Guillemin, Professeur honoraire à l’Université de Lausanne, a été pionnier en Suisse et membre fondateur de l’International Occupational Hygiene Association (IOHA). Sa réputation et son expertise en Santé au travail lui valent d’être très sollicité sur le plan international. Il a reçu l’an dernier la plus haute distinction possible dans son domaine (IOHA Lifetime Achievement Award) au titre de l’année 2012, ce qui l’a empêché de participer à notre deuxième Colloque, « Manager la Santé au travail par temps de crise », alors qu’il avait été l’un des « artisans » du succès de notre premier Colloque, « Regards croisés sur la Santé au travail », dans la foulée de la publication de son livre, Les dimensions insoupçonnées de la Santé au travail, publié aux éditions l’Harmattan, dont nous avions alors rendu compte sur notre site.

Pour accéder à l’éditorial de Michel Guillemin, cliquer sur le lien ci-dessous :

  • Elargir l’horizon (Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement, tous droits de reproduction interdits sans l’autorisation expresse des Editions Elsevier Masson)

Pour accéder au site des Archives des Maladies Professionnelles et de l’Environnement, cliquer sur le lien ci-dessous :

Dans le prolongement des menaces pesant sur la Santé au travail, telles que les exprime sans état d’âme le Premier Ministre britannique, on pourra également relire plusieurs articles que nous avons consacrés à la déréglementation au niveau européen :

C’est dans cet article que l’on peut lire les propos tenus par un autre Ministre du Gouvernement de sa Gracieuse Majesté, un certain Chris Grayling, Ministre de l’Emploi, confirmant en tous points le discours de David Cameron rapporté par Michel Guillemin : « Bien sûr, c’est bien de protéger les employés au travail mais la culture en matière de santé-sécurité en Grande-Bretagne étouffe les entreprises et retient la croissance économique. Nous avons besoin de bon sens au cœur du système ».

Des propos qui m’avaient alors conduit à conclure ainsi :

« Comme si l’Economie et la Santé étaient nécessairement antinomiques.

Décidément, contrairement à ce que l’on sait depuis la publication d’une BD bien connue, et tout respect gardé à leur égard, ils ne sont pas fous ces Bretons, ils sont dangereux (du moins certains d’entre eux) !

Prions le Ciel qu’un Grayling (ou un Gremlin ?) hexagonal ne nous tombe pas bientôt sur la tête ! »

 

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