L’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail (OSHA) vient de rendre public le rapport issu de la première phase de l’étude d’anticipation des risques émergents, en matière de santé et de sécurité au travail (SST), résultant des nouvelles technologies dans les emplois verts. Le document de 55 pages conclut la première phase des travaux visant à évaluer quels pourraient être les impacts sanitaires associés aux nouveaux emplois de l’économie verte. L’ensemble de l’étude, pilotée par le Laboratoire de santé et de sécurité (HSL) du Royaume-Uni, SAMI Consulting et Technopolis, doit s’achever à la fin de l’année 2011.
Au cours du premier volet de l’étude, qui s’est déroulé tout au long de 2010, les chercheurs ont identifié les éléments qui pourraient induire l’apparition de risques nouveaux et émergents en rapport avec les nouvelles technologies de l’économie verte. Il s’agissait notamment de fournir des données permettant de réaliser des scénarios d’évolution de la demande dans les secteurs de l’économie verte. La deuxième phase s’attachera à identifier plus particulièrement les technologies qui pourraient poser des problèmes sanitaires. Enfin, la dernière phase réalisera une synthèse en fonction de différents scénarios établis à partir des résultats de la phase 1 et se basant sur les technologies identifiées en phase 2.
Les parties prenantes et le public sont invités à donner leur opinion sur les principales technologies émergentes qui pourraient tenir une place importante dans les emplois verts.
16 moteurs pour l’économie verte
En l’état, l’étude n’identifie pas les risques sanitaires, mais elle fixe les éléments qui devraient déterminer la vitesse de transition vers une économie verte. Parmi les 69 critères étudiés, le rapport identifie 16 moteurs de changement susceptibles de façonner les emplois verts en 2020 et de provoquer de nouveaux risques pour les travailleurs.
Sans grande surprise, le rôle des gouvernements sera particulièrement important. Ainsi, les contrôles et les incitations que mettront en place les gouvernements apparaissent à la première place du classement établi par l’OSHA. De même, l’évolution de la perception par l’opinion publique des dégradations environnementales sera déterminante. Cela aussi bien pour les questions de court terme, comme les pollutions accidentelles, ou pour celles de plus long terme, à l’image de l’évolution des concentrations atmosphériques de gaz à effet de serre. Non seulement l’opinion publique impacte les agendas politiques des gouvernements, mais ses choix peuvent aussi faire évoluer rapidement la demande de certains biens. Ainsi, l’OSHA juge par exemple qu’une hausse des prix de l’énergie devrait entraîner une baisse du transport des aliments et une hausse de la consommation locale.
Au-delà des aspects sociétaux classés aux trois premières places, le rapport pointe principalement les progrès attendus dans différents domaines techniques comme facteur d’influence de l’émergence d’une économie verte. Le développement des technologies associées aux énergies renouvelables, à la distribution et au stockage de l’énergie, aux énergies fossiles, au nucléaire (que les chercheurs ne considèrent pas comme une technologie verte mais qui apparaît ici étant donnée la place accordée à la réduction des émissions de CO2) et à l’efficacité énergétique.
En dehors des sujets énergétiques qui dominent le classement, la question de la gestion des déchets et du recyclage est la seule question technique retenue comme moteur de la future croissance verte. Quant à l’agriculture, et la question de l’eau qui y est associée, bien que mentionnée dans le rapport, elle n’est pas retenue dans les conclusions de l’étude.
Des dangers connus dans des univers professionnels différents
Finalement, la phase 2 des travaux s’attachera principalement à recenser les technologies énergétiques qui pourraient accroître les risques sanitaires et professionnels. Pour beaucoup des risques pressentis, le rapport précise qu’ils sont globalement connus de la communauté s’intéressant aux risques sanitaires professionnels. Néanmoins, l’émergence d’une économie verte pose la question des nouvelles populations qui pourraient être touchées et de l’apparition de ces risques dans des milieux professionnels très différents de ceux dans lesquels ils sont actuellement connus.
Il s’agit par exemple d’évaluer les dangers associés à la maintenance et au travail à proximité des machines en mouvement, telles que les turbines éoliennes ou les bancs de tri des déchets, et au travail en hauteur, en particulier dans les parcs éoliens ou pour l’installation de panneau solaires.
De même les impacts des matières dangereuses seront évalués. Il s’agit notamment des produits chimiques ou des métaux rares qui entrent dans la composition des panneaux photovoltaïques et des matériaux composites indispensables à certaines technologies vertes. Toujours en matière de pollutions potentielles, les risques sanitaires associés aux techniques de captage et de stockage du CO2 et ceux liés aux processus bioactifs devraient être pris en compte. Enfin, les risques d’explosion seront étudiés étant donnée des dangers potentiels associés à certaines énergies, l’hydrogène en particulier, et à la production de biogaz.
de Philippe Collet – www.actu-environnement.com
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