Il y a ceux qui ne savent rien sur presque tout et ceux qui savent tout sur presque rien.
La quasi-totalité des hommes politiques appartiennent à la première catégorie. Les « experts » composent la seconde.
Comme les premiers décident des grandes orientations, il faut espérer qu’ils s’appuient sur la connaissance que les seconds ont des dossiers dont ils sont des spécialistes reconnus.
Espérer certes mais est-ce bien ce qui se passe ?
Ce n’est pas sûr du tout, bien au contraire.
L’exemple de la Santé au travail en est une illustration presque caricaturale : on ne compte plus les Rapports d’experts en la matière depuis une bonne dizaine d’années. Est-ce que cela a permis de réformer le système au mieux des intérêts des Salariés, des Entreprises et de la Société ? Hélas non car de nombreuses autres considérations sont intervenues, parasitant l’évolution souhaitable au point de la détourner de son objet même.
Ambitions et intérêts personnels, poids de la technostructure, pressions, calculs et manipulations en tous genres, etc…, tous les prétextes sont bons pour s’écarter de solutions de bon sens au service de l’intérêt général !
Surtout si, et cela arrive souvent, ceux qui ne savent rien sur presque tout prétendent tout savoir sur tout, renvoyant à leurs chères études ceux qui savent tout sur presque rien !
Mais qu’on ne se méprenne pas, les risques que font courir ces derniers, pour peu qu’on leur lâche la bride, sont tout aussi importants, leur conviction étant que, reconnus comme les plus brillants dans leur spécialité, fût-elle de la taille d’une tête d’épingle, eux aussi sont convaincus de tout savoir sur tout…
On comprend aisément que la pertinence et l’efficacité des politiques publiques (comme de toutes les politiques d’ailleurs) ne peuvent provenir que d’un dosage subtil entre les uns et les autres, nécessairement assorti pour chacun d’eux d’une humilité, d’une générosité, d’un sens de l’intérêt collectif, ou, pour résumer, de cette « intelligence » qui leur fait trop souvent défaut.
Ce qui me renvoie aux propos d’un ancien Président, évoquant avec moi cette catégorie très nombreuse, largement décrite par Michel Audiard et dont Georges Brassens avait fait une chanson célèbre : le Roi des C…
Il y avait pour lui toutes sortes de C… : les C… tout court, les pauvres C…, les grands C…, les sales C…, les C… intelligents, les C… instruits, etc…, les plus dangereux étant incontestablement les derniers cités.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que, étant instruits, ils se croient intelligents !
Alors, osons rêver de responsables politiques et d’experts à la fois instruits et intelligents, désireux et capables de placer l’intérêt de tous avant leurs petits intérêts personnels !
En commençant évidemment par la Santé au travail…
Gabriel Paillereau
Copyright epHYGIE 24 septembre 2015
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