Emploi et santé des seniors durablement exposés à des pénibilités physiques

Selon l’enquête Santé et itinéraire professionnel de 2007, 35 % des personnes de 50 à 59 ans ayant travaillé au moins dix ans déclarent avoir été exposées pendant quinze ans ou plus à l’une au moins des quatre pénibilités suivantes : travail de nuit, travail répétitif, travail physiquement exigeant, produits nocifs ou toxiques. 40 % d’entre elles déclarent avoir cumulé au moins deux pénibilités physiques durant leur parcours professionnel, dans le même emploi ou dans des emplois successifs.

Les personnes de 50 à 59 ans, qui ont été durablement exposées à des pénibilités physiques, sont moins souvent en bonne santé : 24 % se déclarent limitées dans leurs activités quotidiennes du fait d’un problème de santé contre 17 % des autres seniors. Elles sont également moins souvent en emploi après 50 ans, notamment après un cumul de pénibilités physiques : 68 % des personnes exposées à au moins une pénibilité et 62 % de celles exposées à au moins trois pénibilités sont en emploi après 50 ans contre 75 % de celles qui n’ont pas été exposées ou qui l’ont été moins de quinze ans.

Source : DARES

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A lire également, sur le même thème, l’article paru dans Les Echos du 28 avril :

Plus d’un tiers des seniors déclarent avoir exercé pendant au moins quinze ans un métier pénible

La pénibilité concerne 35 % des quinquagénaires et 58 % d’entre eux chez les ouvriers, souligne la Dares, alors que se tient aujourd’hui la Journée mondiale de la santé au travail.

La Journée mondiale sur la sécurité et la santé au travail va donner lieu, aujourd’hui, à de nombreuses initiatives syndicales. C’est aussi l’occasion de faire le point sur un sujet appelé à prendre une importance majeure dans les entreprises avec la réforme des retraites : celui de la pénibilité. Une étude que vient de publier la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) du ministère du Travail montre en effet que 35 % des quinquagénaires déclarent avoir été exposés pendant 15 ans ou plus à au moins un des quatre facteurs de pénibilité suivants : travail de nuit (9 %), travail répétitif (11 %), travail physiquement exigeant (23 %), produits nocifs ou toxiques (12 %). Ces travaux, qui ont l’intérêt de comparer le ressenti de personnes exposées et non exposées, montrent que ces pénibilités physiques «  se cumulent fréquemment ».

Les ouvriers de plus de 50 ans sont les plus concernés : 58 % d’entre eux ont connu au moins une pénibilité pendant quinze ans. Pour 40 %, il s’est agi de conditions physiques rudes (port de charges lourdes, postures pénibles, vibrations) et pour 20 % de contacts avec des produits toxiques.

Des conséquences directes

La conséquence de cette exposition durable à des conditions de travail difficiles est importante : les seniors concernés sont moins souvent en bonne santé que les autres. 24 % des quinquagénaires exposés déclarent être limités dans leurs activités quotidiennes à la suite d’un problème de santé, contre 17 % des non-exposés, et le risque est environ deux fois plus grand pour un senior de déclarer une restriction de ses capacités physiques quand il a connu une exposition d’au moins quinze ans à des produits nocifs ou toxiques ou à un travail physiquement exigeant. Les seniors qui ont été exposés sont aussi « plus souvent au chômage ou inactifs, avec ou sans reconnaissance d’un problème de santé ».

Cela pose la question du transfert sur les régimes sociaux du coût des salariés usés, qui va prendre de l’ampleur avec le recul de l’âge légal de la retraite. Le dossier n’est pas totalement clos. La création d’un livret de pénibilité, où devront être inscrites les conditions de travail successives des salariés au cours de leur carrière, pourrait permettre de faire reconnaître la responsabilité des employeurs dans l’état de santé de leurs anciens salariés. La jurisprudence ne cesse de renforcer la responsabilité des entreprises, désormais soumises à une obligation de résultat sur la santé de leurs salariés présents et anciens. Avec des enjeux financiers conséquents à la clef.

Leïla de COMARMOND, Les Echos

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