On sait l’importance que revêt aujourd’hui la notion de Qualité de Vie au Travail, objet de négociation entre les partenaires sociaux. Divers documents publiés ces dernières semaines peuvent aider à clarifier les échanges, à commencer par celui de l’INSEE, même si son titre, Qualité de vie et bien-être vont souvent de pair, a tout d’une lapalissade.
Le résumé nous en dit un peu plus :
Les adultes vivant en France métropolitaine déclarent en 2011 un niveau moyen de satisfaction dans la vie de 6,8 sur une échelle allant de 0 à 10. Si 13 % d’entre eux estiment leur bien-être à 9 ou 10, ils sont 7 % à le situer à moins de 5 sur l’échelle de satisfaction.
Ce ne sont pas seulement les restrictions monétaires, contraintes financières ou faibles revenus, qui vont de pair avec une moindre satisfaction. Une enquête inédite montre que d’autres aspects de la qualité de vie, comme la faiblesse des liens sociaux ou le stress dans la vie courante, jouent autant, voire davantage que les contraintes financières. Viennent ensuite les difficultés liées à la santé, au logement, et à l’insécurité physique et économique. Un environnement dégradé ne jouerait pas sur le bien-être ressenti, de même que les tensions perçues au sein de la société. En revanche, les actifs occupant un emploi et en situation de mal-être au travail sont également plus fréquemment ceux qui déclarent une moindre satisfaction.
Au-delà des portes (déjà ouvertes) que prétend ouvrir ce Rapport (mais pouvait-il en être autrement), on trouve des développements intéressants sur les risques psychosociaux, à l’origine d’un « moindre bien-être » des actifs :
Les risques psychosociaux au travail vont de pair avec un moindre bien-être des actifs en emploi
L’enquête aborde aussi pour la première fois en France la question des risques psychosociaux au travail. Pour les personnes en emploi, il s’agit de prendre en compte une dimension supplémentaire ayant trait à leur qualité de vie au travail. À cet égard, les risques psychosociaux au travail vont de pair avec un moindre sentiment de bien-être, et il apparaît que le mal-être au travail ne se substitue pas au mal-être émotionnel de la vie courante, mais peut au contraire venir s’y ajouter. L’impact des risques psychosociaux au travail apparaît comparable à celui des problèmes de santé physique, mais moins fort que ceux des contraintes financières, de l’isolement social et du stress de la vie courante. En outre, le bien-être des personnes occupant un emploi est plus dépendant des contraintes financières que pour l’ensemble de la population : l’existence de telles contraintes diminue tout particulièrement la probabilité des personnes en emploi de faire état d’un bien-être élevé.
En dépit de ses lacunes, cette étude est tout à fait instructive.
Il convient de compléter sa lecture par celle d’un autre document, tout à fait essentiel, à savoir le « Rapport de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social », plus connu comme Rapport Stiglitz, du nom du Professeur Joseph E. Stiglitz, Président de la Commission (Université Columbia), Prix Nobel d’Economie en 2001. On y trouve en effet de longs développements sur la qualité de la vie : deux chapitres, soit plus de 150 pages au total, lui sont consacrés.
On pourra également se référer au dossier que l’ANACT a consacré à la question.
En attendant que les partenaires sociaux mettent un terme à la négociation en cours…
Mais le feront-ils avant la discussion sur le Marché du travail à l’Assemblée Nationale et au Sénat ? Pas sûr dans la mesure où le MEDEF ne semble pas satisfait des conditions dans lesquelles l’accord signé entre les partenaires sociaux, CGT et CGT-FO mises à part, a été transformé en projet de loi par le Ministère…
Il va donc falloir patienter encore, l’examen du texte par les Députés et les Sénateurs devant débuter à la fin du mois de mars seulement.
Gabriel Paillereau
Copyright epHYGIE février 2013
Photo GP
Tous droits réservés.
Pour accéder aux textes cités dans l’article, cliquer sur les liens suivants :
- Qualité de vie et bien-être vont souvent de pair (Rapport de l’INSEE)
- Rapport de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social (Rapport Stiglitz)
- Site internet de la Commission sur la Mesure de la Performance Économique et du Progrès Social (en français et en anglais)
- L’Insee mesure l’impact des risques psychosociaux au travail sur le sentiment de bien-être des français (dossier de l’ANACT)
- Accord sur l’emploi : le projet de loi Sapin joue la carte du compromis (article publié sur le site de La Tribune)
Rappel pour mémoire des articles sur le même thème publiés sur notre site ces dernières semaines :
- Accord sur la Qualité de Vie au Travail à la Poste : des enseignements à en tirer pour la Santé au travail ?
- Marché du travail et Qualité de vie au travail : un ou deux accords « Canada Dry » ?
- Santé au travail : après le Marché du travail, la Qualité de Vie au travail bénéficiera-t-elle aussi d’un accord « historique » ?
(Dossier de l’ANACT)
Laisser un commentaire