Chacun a évidemment relevé le caractère incongru de la formule « Esprit, es-tu là ? », et, se remémorant ses expériences passées, toujours infructueuses, consistant à prononcer la formule consacrée pour « faire tourner les tables », se demande quel rapport elle peut bien avoir avec la Santé au travail…
Directement, aucun, cela va de soi, car ce n’est bien évidemment pas le sens de ce texte.
Il est exact en revanche que ce titre se nourrit à dessein de l’ambiguïté du mot « esprit ».
Je ne peux m’empêcher en effet, en évoquant (en invoquant ?) l’Esprit censé « faire tourner les tables », de penser à divers « tours » (« tour de magie », « tour de passe-passe », « tour de cochon »…), à diverses « tables » (« table d’orientation », « table de négociations », « tables de la loi », …), à celles « que l’on met », « auxquelles on se met » ou « sur lesquelles on met tout », et, pour clore cette ronde des mots, conclusion logique de ce rapide « tour d’horizon », au « tour de table » et au « tour d’esprit », toutes expressions qui, pour peu qu’on leur ajoute deux tours « au féminin », la « tour de Babel » et la « tour de Pise », ne sont finalement pas si éloignées de notre sujet et… de nos difficultés.
Chacun sait que le passage de la Médecine du travail à la Santé au travail, évolution majeure de notre Système engagée par la loi de Modernisation sociale de janvier 2002, s’est heurtée à de multiples obstacles ; la loi de juillet 2011 n’est somme toute rien d’autre que le fruit de l’échec d’une première réforme de fond qui valait beaucoup mieux que le sort qu’on lui a réservé.
Nombreux sont ceux qui, par leur refus d’une mutation pourtant indispensable et inéluctable, ont, pendant près de 10 ans, freiné la réforme au point de la condamner. Les obstacles de toutes sortes qu’ils ont disposés en travers de la route expliquent son caractère « inachevé », et, pour finir, son fiasco ; ils expliquent également en grande partie le caractère incomplet et décevant de la réforme en cours.
Or, dans la nécessaire application des textes relatifs à la Santé au travail, qui ne se résument pas, fort heureusement, à leur « Lettre », il convient par-dessus tout de s’attacher à respecter leur but, qui est aussi leur « Esprit », inchangé depuis 1946 : éviter toute altération de la Santé des travailleurs du fait de leur travail.
Il nous faut donc, en espérant qu’une Loi à venir donne enfin à la Santé au travail le souffle qu’elle mérite, « faire (pour l’instant) avec celle que l’on a » et passer ainsi la Loi de juillet 2011 et les Décrets qui vont la compléter au crible de la seule question qui vaille vraiment d’être posée : sont-ils (seront-ils) ou non conformes à l’« Esprit » dont ont besoin les Salariés et les Entreprises, ce que, dans une analyse critique de l’état des lieux actuel, on pourrait résumer par : « Esprit, es-tu là ? ».
Gabriel Paillereau
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Hello !
Gabriel ce billet d’humeur est tellement ésotérique que personnellement je n’y ai rien compris… sauf manifestement une forte insatisfaction. Pourtant le sujet m’intéresse (l’organisation fonctionnelle de la prévention des risques professionnels dans l’entreprise) puisque je suis un « compétent PPRP ».
Cordialement. HenriPrev@gmail.com
Le contenu de l’Editorial peut apparaître ésotérique. Il ne l’est pourtant pas, à condition bien sûr d’aller au-delà des apparences, au-delà également du rideau de fumée que certains ont déployé pour masquer les insuffisances d’une réforme singulièrement dépourvue de vision. C’est bien pourquoi il est si important de savoir ce que seront finalement les textes d’application.