Réforme de la Santé au travail : je me suis tu…

Un fidèle visiteur de notre site, qui m’a demandé l’anonymat, réagissant à l’article Santé au travail : l’allègement des charges vu par la Commission européenne, considère que certaines des dispositions du nouveau cadre légal et réglementaire de la Santé au travail (comme la référence aux « réalités locales ») ne sont en fait que « des prétextes pour poursuivre la déréglementation à bas bruit ».

D’où l’idée qu’il a eue d’adapter « Je me suis tu » (ou « Je n’ai rien dit », traduction de « Ich habe geschwiegen »), célèbre poème de Martin Niemöller, Pasteur allemand arrêté en 1937 et envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen pour s’être opposé au régime nazi. Transféré en 1941 au camp de concentration de Dachau, où il rédigea ce poème, il en fut libéré en 1945 et se consacra à la cause pacifiste jusqu’à sa mort, en 1984.

Je me suis tu…

Quand ils ont réformé la Médecine du travail,
Je me suis tu,
Je n’étais pas inquiet.
Quand ils l’ont adaptée aux réalités locales,
Je me suis tu,
Je n’étais pas dans un région défavorisée.
Quand ils ont réduit les obligations des TPE,
Je me suis tu,
Je n’étais pas dans une TPE.
Quand ils ont durci les conditions de reconnaissance des MP,
Je me suis tu,
Je n’étais pas malade.
Puis ils ont décidé que je devais perdre ma vie à la gagner,
Et il n’y avait personne pour protester.

J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises de déplorer le silence qui a entouré la réforme de la Santé au travail. Que signifie-t-il exactement ? Le texte ci-dessus donne une réponse qui pourrait, au premier degré, être considérée comme pessimiste. Elle ne l’est évidemment pas tant elle sonne comme un appel à l’éveil des consciences et à la lutte pour une Santé au travail respectueuse des hommes et des femmes qui travaillent, et plus particulièrement de ceux qui se trouvent les plus menacés par des conditions de travail dégradées.

Affaire à suivre donc avec la mise en œuvre effective de la réforme et…

Merci à notre poète anonyme pour l’originalité et la force de sa contribution.

Gabriel Paillereau
Copyright epHYGIE février 2012
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NB : le fait d’utiliser ce poème comme support ne signifie évidemment pas que l’Entreprise soit un camp de concentration, pas plus que mon propre article Santé au travail : la cuisinière et le mangeur d’hommes ne l’assimile au goulag.

Il révèle simplement, de la part de son auteur, l’inquiétude, et même le désarroi que ressentent ceux pour qui la réforme en cours ne répond que très imparfaitement aux besoins de Santé au travail. Les échanges qui ont eu lieu dans le cadre des Rencontres parlementaires, qui se sont tenues hier à la Maison de la Chimie, même s’ils ont été très « mesurés », ont clairement montré où se situent les dérives possibles de notre système. Un compte rendu détaillé de cette manifestation sera mis en ligne dans les prochains jours.

GP

On trouvera ci-dessous l’une des nombreuses versions du poème de Martin Niemöller, car nul ne sait en fait avec certitude quel est le texte original :

Je me suis tu…

Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je me suis tu,
Je n’étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je me suis tu,
Je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je me suis tu,
Je n’étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je me suis tu,
Je n’étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait plus personne pour protester.

Pour plus de précisions sur le poème de Martin Niemöller, consulter l’un des nombreux sites qui lui sont consacrés, parmi lesquels ceux qui suivent :

 

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