L’avenir de la Santé au travail pourrait bien se jouer selon un scénario tout à fait inattendu. François Rebsamen, actuel Ministre du travail, vient en effet d’annoncer qu’il serait candidat à la succession d’Alain Millot, qui l’avait remplacé en 2014 à la tête de la Mairie de Dijon.
On sait qu’il a toujours été un fervent partisan du cumul des mandats mais on sait également que le non-cumul fait partie des dogmes de François Hollande et de Manuel Valls. Il y a donc peu de chances, s’il confirme sa candidature, que l’Exécutif fasse une exception pour lui, même s’il est un des plus anciens et des plus fidèles soutiens du Président de la République.
Comme on l’imagine mal s’opposer à la doctrine gouvernementale, on peut raisonnablement prévoir son retour en Bourgogne, ce qui, tout compte fait, ne serait pas un si mauvais calcul…
Tout le monde sait que le Ministère du travail n’a jamais été sa tasse de thé. Ce qu’il briguait, c’était le Ministère de l’Intérieur, que Manuel Valls s’est bien gardé de lui confier. Tout le monde sait aussi que son passage au Travail ne se sera pas signalé par des résultats remarquables sur le front du chômage, ce dont, il faut le reconnaître, il serait injuste de le rendre responsable. Michel Sapin et d’autres, avant lui, n’avaient pas fait mieux.
En revanche, on est en droit d’être plus critique par rapport à la loi sur le Dialogue social et l’Emploi qui vient juste d’être votée. Si je m’en tiens au seul volet pour lequel j’estime avoir un semblant de légitimité, celui de la Santé au travail, il a, selon moi, fait preuve d’une grande maladresse en voulant imposer une réforme reposant pour l’essentiel sur des amendements tirés d’un Rapport que pratiquement aucun Parlementaire n’avait eu le temps de lire.
On fait mieux en matière de Dialogue social !
Du coup, la perspective de quitter ce Ministère où il n’a pas réussi à s’imposer ne devrait pas être pour lui un crève-cœur, d’autant que se dessinent à l’horizon les futures élections régionales, qui pourraient lui permettre de jouer un rôle de premier plan dans la nouvelle Région Bourgogne-Franche-Comté…
Et la Santé au travail dans tout ça ? Bien malin celui qui pourrait être sûr de quoi que ce soit car tout n’est que jeu politique. On peut symboliser les hypothèses les plus plausibles en évoquant les Universités d’été du Parti socialiste et du MEDEF, qui se tiendront à la fin de l’été. De deux choses l’une : soit le Gouvernement souhaite donner des gages au MEDEF, quitte à mécontenter son aile gauche, ce qui serait suicidaire à la veille d’une échéance électorale cruciale, soit au contraire, il privilégie cette échéance en donnant des gages à son opposition interne et à ses alliés, quitte à mécontenter le MEDEF. De cette alternative dépendra naturellement le choix, nécessairement très délicat, de la personne appelée à succéder à François Rebsamen.
Or, parmi les « marqueurs » de l’orientation, plus ou moins à gauche, plus ou moins libérale, du successeur de François Rebsamen, figurera à coup sûr la politique suivie en matière de réforme de la Santé au travail, sur laquelle de nombreux amis du Parti socialiste tirent à boulets rouges depuis le début des débats sur la loi relative au Dialogue social et à l’Emploi.
Il va donc falloir patienter encore un peu, d’abord pour savoir si François Rebsamen maintient sa candidature à la Mairie de Dijon. Ensuite, si tel est le cas, le scénario pourrait être celui que je viens de décrire, ce qui signifie qu’à nouveau, nous entrerions dans une période de grande incertitude, avec un nouveau Ministre, qui ne serait finalement que le septième en sept ans !
Pas sûr qu’avec un tel nombre, si parfait soit-il, on puisse espérer atteindre la perfection, pour l’avenir de la Santé au travail s’entend…
Gabriel Paillereau
Copyright epHYGIE 31 juillet 2015
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