Chacun de nous vit (subit ?) au quotidien l’avènement des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication) sans toujours en mesurer vraiment l’importance ni en appréhender réellement les effets. C’est pourtant une véritable révolution qui s’impose à nous, affectant à la fois notre vie privée, et, pour ceux qui ont la chance d’avoir un emploi, notre vie au travail.
Le Rapport de Bruno Mettling, « Transformation numérique et vie au travail », établi à la demande de François Rebsamen, alors Ministre du travail, remis à celle qui lui a succédé, Myriam El Khomri, le 15 septembre 2015, comble donc un vide, ce qu’ont relevé, voire salué les commentateurs.
Un rapport utile donc, indispensable même, mais qui ne manque pas de poser diverses questions, s’agissant de la Santé au travail. Nous nous en tiendrons pour l’heure à une seule : quelles que puissent être la qualité du Rapport et celles de son Rapporteur, est-il vraiment sérieux et crédible qu’un Rapport appelé à faire évoluer les conditions de travail pour qu’elles n’aient pas à souffrir des nouvelles technologies numériques ait pu être établi sans consulter aucun professionnel de la Santé au travail ?
Car l’ANACT (pour laquelle j’ai le plus grand respect) et son Directeur général, les Cabinets de Conseil et leurs Consultants, le Droit et ses Juristes, sans oublier les RH et leurs responsables, si prestigieux soient-ils, ne sauraient être considérés comme les meilleurs représentants des Conditions de travail ou de la Santé au travail.
Dans son discours, prononcé lors de la remise du Rapport, notre nouvelle Ministre du Travail, Myriam El Khomri, a dit souhaiter « que la question du numérique et de ses conséquences sur l’organisation du travail soit l’objet d’une réflexion avec les partenaires sociaux à l’occasion de la Conférence sociale qui aura lieu le 19 octobre prochain. »
Pour elle, « cela pourrait faire l’objet d’un débat en séance plénière et d’une déclinaison ensuite dans les tables rondes, qu’il s’agisse de celle dédiée au compte personnel d’activité, à la transition écologique ou à l’avenir de nos filières et de nos métiers. »
Et de conclure : « Ce temps de concertation sera nécessaire pour réfléchir aux pistes de réforme qui, concernant le droit du travail et les conditions de travail, seront inscrites dans le projet de loi que je présenterai en Conseil des Ministres fin 2015 / début 2016. »
Il faudra donc attendre encore pour savoir ce qui, au-delà du discours politique très convenu de notre Ministre, a des chances d’évoluer pour respecter son constat de départ, affiché en présence de Bruno Mettling : « Cette surcharge informationnelle a un terme m’avez-vous dit : l’infobésité qui a des conséquences sur l’attention, le stress et nuit à la qualité du travail. Derrière l’efficacité procurée par le numérique, il y a aussi un sujet important de santé au travail, de régulation des temps de vie. »
Quel rapport y aura-t-il entre paroles et actes ?
Une chose est sûre : la question ne fait pas partie de celles qui seront abordées au cours de la prochaine réunion du COCT, programmée le 24 septembre prochain…
Gabriel Paillereau
Copyright epHYGIE 21 septembre 2015
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PS : nous ferons une analyse plus fouillée du Rapport dans un prochain article, en lui adjoignant une série de commentaires de toutes origines.
Pour accéder au Rapport Mettling, cliquer sur le lien suivant :
On pourra lire également l’analyse fouillée qu’en a faite la CGT-FO :
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