Perchloroéthylène : un « ami » qui vous veut du mal

On entend de plus en plus parler des effets du perchloroéthylène sur la Santé. Dans un article mis en ligne sur son site, « Cancer : danger au pressing », l’Express pointe les risques de cancer liés à l’exposition au « perchlo », comme on l’appelle souvent, substance beaucoup moins sympathique que son diminutif ne le donne à penser… On y lira le point de vue de Yann Grosse, toxicologue au CIRC, qui donne son expertise sur le sujet. A noter que le perchloroéthylène, solvant classé parmi les cancérigènes probables par le CIRC, est utilisé pour le nettoyage à sec dans les quelque 4000 pressings français et qu’il est déjà sous très haute surveillance.

De son côté, le Quotidien du Médecin fait état d’un courrier du Député socialiste de Haute-Garonne, Gérard Bapt, adressé à la Ministre de l’Écologie et du Développement durable, Nathalie Kosciusko-Morizet,  courrier dans lequel il relaie l’inquiétude qu’inspire le trichloroéthylène et dit attendre des mesures fortes du Gouvernement vis-à-vis de ce produit, d’ores et déjà interdit dans plusieurs pays :

« Toujours utilisé dans la grande majorité des pressings en France », ses effets sanitaires « de type neurotoxique, néphro-toxique, cancérigène » peuvent être mortels selon lui.

« Je souhaite (…) connaître si vous avez l’intention de prendre de manière urgente la même décision d’interdiction du perchloroéthylène (qu’aux États-Unis et Danemark) dans les installations nouvelles de pressings, et de fixer une date butoir pour l’interdiction totale de cette substance toxique dans tous les pressings de notre pays, afin de soustraire salariés et personnes exposées à un risque mortel », poursuit-il.

Pour lui, les mesures actuellement mises en œuvre – objectif de réduction de 30 % des émanations de ce toxique fixé dans le deuxième plan national santé environnement (PNSE2), contrôle périodique obligatoire des installations – s’avèrent nettement insuffisantes face à ce risque de santé publique. La semaine dernière, le Réseau santé environnement (RES) a demandé un rendez-vous à ce sujet à Nathalie Kosciusko-Morizet et appelé le gouvernement à agir « pour faire cesser ce scandale sanitaire ».

A noter que, pour la première fois en France, comme les médias s’en sont fait l’écho aujourd’hui même, une plainte pour homicide involontaire est en cours d’instruction à l’encontre du gérant d’un pressing dont les émanations de « perchlo » auraient, en 2009, intoxiqué à mort une résidente de l’étage situé juste au-dessus…

Une fois de plus, cette affaire pose la question de la porosité des frontières entre Santé au travail, Santé publique et Santé environnementale. Elle montre également que les risques pour la Santé peuvent se situer partout, ce qui conforte l’intérêt et la nécessité de mettre en place une véritable politique de Prévention, comme le propose justement le CESE dans son Avis du 14 février 2012, que nous venons tout juste de mettre en ligne sur notre site.

Gabriel Paillereau

A partir d’articles de l’Express et du Quotidien du Médecin, mais en fait, les sources sont innombrables… Nous aurons certainement l’occasion d’y revenir bientôt, tant le sujet semble mobiliser les médias et les Associations de défense de la Santé (des salariés et… de tous les autres).

Sources :

Pour en savoir plus :

 

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