Peut-on aller vers une santé durable ?

On trouvera ci-dessous le résumé « adapté » d’un article paru le 6 juin sur le site de viva.presse

Selon l’OMS, « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». Etre en bonne santé ne signifie pas être valide ou apparemment bien portant. Comme l’a précisé Me Jean-Paul Teissonnière à l’occasion d’un récent Colloque, « au cours des dernières décennies, la nature des problèmes de santé a changé. Il y a eu des progrès considérables dans le domaine de la souffrance physique, mais il y a une plus grande importance de la souffrance morale ».

En 2009, la première cause de consultation de la Médecine du travail était d’ailleurs la souffrance psychique.

Cette tendance « trouve sa source dans l’évolution du travail, dans le fait de travailler toujours plus vite ainsi que dans la perte du sens du travail », a rappelé Me Teissonnière. De plus en plus de salariés estiment en effet « ne pas se reconnaître » dans les tâches qu’ils font, qui vont à l’encontre de leurs valeurs, créant une situation difficile à supporter. On parle d’ailleurs de « souffrance éthique ».

« Il devient urgent de changer le travail si on veut une santé durable » selon Jean-Paul Teissonnière.

François Desriaux, rédacteur en chef de la revue Santé et Travail et ancien Président de l’Association nationale de défense des victimes de l’amiante (ANDEVA), a estimé que, dans le monde de l’entreprise, « la santé durable est un espoir, mais pas une réalité. Il y a sept ans d’écart d’espérance de vie entre les Catégories Socio-Professionnelles (CSP) dans le domaine de la santé. La France est parmi les pays les moins bien lotis en matière de différence sanitaire entre les riches et les pauvres ».

Avec la dernière réforme des retraites, « la crainte qu’on peut avoir, c’est que le nombre de salariés qui vont se faire licencier pour inaptitude médicale constatée par le médecin du travail va augmenter », a estimé François Desriaux. « La pénibilité va arriver en masse devant les prud’hommes. Et quand on est licencié pour inaptitude médicale à 58-59 ans, on a peu de chances de retrouver du travail. » Une grande différence existe avec les pays d’Europe du Nord, qui « ont fait énormément d’efforts pour permettre aux salariés vieillissants de rester dans leur emploi ». Ce n’est absolument pas le cas en France, où on a tendance à dire que « l’entreprise n’est ni une maison de retraite, ni un hôpital ».

L’exemple de l’amiante

Parmi les problèmes de santé, l’amiante occupe toujours hélas une place de premier plan, notamment parce qu’elle symbolise une mutation notable : lorsque les accidents du travail étaient fréquents, le responsable du dommage et la victime étaient présents en un même lieu, en même temps, ce qui facilitait la prise de sanction. Dans le cas de risques différés – dont les cancérogènes sont l’exemple emblématique – « on a ce décalage dans le temps qui rend les choses extrêmement difficiles », a souligné Me Jean-Paul Teissonnière. « Quand le dommage apparaît quarante ans après l’exposition au risque, l’entreprise responsable a disparu, le responsable physique est décédé. L’efficacité sociale de la sanction n’a donc plus la même importance. »

Voilà pourquoi on n’attend plus aujourd’hui que la maladie apparaisse : « Le fait de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête toute sa vie s’indemnise », a expliqué l’avocat. Il existe désormais des « victimes intermédiaires », qui ne présentent pas de signes de maladie, mais dont l’exposition au risque nourrit des craintes légitimes, et qui ont droit à une reconnaissance et une indemnisation. Selon les participants à ce Colloque, « la justice n’est pas organisée pour faire face à des enquêtes aussi compliquées que celle sur l’amiante, qui met en jeu des responsabilités publiques, des industriels et des employeurs ».

Il n’en demeure pas moins que la crainte d’un éventuel procès, avec, à la clé, le versement d’indemnités élevées aux victimes, peut jouer un rôle préventif au sein des entreprises.

GP

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