Promouvoir la santé au travail et la prévention des risques professionnels : à la fois un métier, une ambition et un défi

20170701_173952De nombreux fidèles d’epHYGIE se sont étonnés d’un très long silence.

Rien de grave, bien au contraire, je tiens à les rassurer.

C’est en effet en raison d’une mission de longue durée, conduite hors métropole, que j’ai cessé d’alimenter le site.

C’est également, je le reconnais, faute de disposer d’une visibilité satisfaisante sur l’évolution de notre système, du fait des changements politiques intervenus ces derniers mois.

Pour ce qui est de ma mission, il s’est agi pour moi d’un véritable retour aux sources : j’assure en effet depuis le début du mois de mars la Direction générale du plus important Service de Santé au Travail Interentreprises d’Outremer, à Saint-Denis-de-la-Réunion. Retour aux sources en effet puisque c’est au Mans, à la Direction d’un Service de taille comparable, le Service Sarthois de Médecine du Travail (devenu Santé au Travail 72), que j’ai entamé ma vie professionnelle en Médecine du travail, en mars 1984, avant de la poursuivre, pendant 22 ans, de septembre 1987 à septembre 2009, à la tête de l’Organisme regroupant les Services interentreprises au plan national.

De retour sur le terrain, j’ai redécouvert in situ ce qu’est la « vraie vie » d’un Service de Santé au travail, loin des clichés et des a priori stériles, en étant confronté aux difficultés qui sont aujourd’hui celles de tous les Professionnels de la Santé au travail, tenus de mettre en application des textes dont on est souvent en droit de discuter la pertinence et de douter de l’efficacité.

Je me suis efforcé, tout au long de cette mission, de remettre sur les rails ce Service (où je m’étais rendu pour la première fois en 1998), en toute discrétion, avec l’ambition qu’il devienne, pendant les cinq années du prochain agrément, et sous la responsabilité d’un nouveau Directeur Général (qui me succédera le 18 septembre prochain), un Service référent au plan national, qui n’aura rien à envier à ses homologues de métropole ayant une taille comparable : 100 professionnels chargés du suivi de 110 000 salariés répartis sur l’ensemble du Département.

S’agissant des changements dans l’organisation et le fonctionnement des Services, et, plus généralement, de la réforme du système français de Santé au travail, certaines orientations que j’ai révélées et commentées dès la création d’epHYGIE, en 2011, semblent se préciser.

De toute évidence, il faudra être extrêmement vigilant si l’on veut éviter que, sous prétexte de simplification, on en vienne à entériner des dérives préjudiciables à la Santé au travail et à la Prévention des risques professionnels, particulièrement dans les PME et les TPE. Les ordonnances en préparation, qui concernent notamment le CHSCT, ne donnent probablement qu’un tout petit aperçu des réformes à venir dans notre domaine d’activité.

Mon retour en métropole, et, par voie de conséquence, une plus grande disponibilité, associée à une connaissance pratique actualisée de la vie d’un Service au quotidien, vont me redonner la possibilité de porter témoignage, de commenter et de conseiller, sur le site d’epHYGIE et partout où mon aide sera jugée utile, non à partir de connaissances théoriques, mais en m’appuyant sur les enseignements tirés d’une confrontation à la réalité du terrain, à la tête d’un grand Service, tâche à la fois délicate, exigeante, et, pour finir, concluante si je me fie aux réactions des acteurs de la Santé au travail de La Réunion avec lesquels j’ai travaillé et je travaille aujourd’hui encore, à l’intérieur du Service et en dehors.

Ces considérations me conduisent naturellement au troisième point justifiant ma sortie du silence que je me suis imposé depuis des mois.

Par arrêté ministériel du 21 août 2017, publié au JO du 25, portant nomination à la Commission spécialisée relative aux acteurs de la prévention en entreprise du Conseil d’Orientation des Conditions de Travail (plus connue sous le nom de Commission n° 5), je viens d’être nommé membre de ladite Commission en qualité de personnalité qualifiée.

On trouvera ci-dessous le lien vers le JORF du 25 août, texte n° 53 :

Arrêté du 21 août 2017 portant nomination à la commission spécialisée relative aux acteurs de la prévention en entreprise du Conseil d’orientation des conditions de travail

Je suis pleinement conscient de l’honneur qui m’est fait et de la responsabilité qui m’est ainsi confiée.

Aussi, dès mon retour en Métropole, je m’attacherai évidemment à défendre une Santé au travail de qualité, conforme à l’idée que je me fais, que se font tous les fidèles d’epHYGIE et les Professionnels avec lesquels je travaille quotidiennement, de la Prévention au service de la Santé des salariés.

Je conclurai cet article, qui marque le retour (modeste) d’epHYGIE sur la scène de la Santé au travail française, en reprenant in extenso l’éditorial que j’ai signé et publié dans le numéro de juillet 2017 de la magnifique revue Prévention Réunion :

Promouvoir la santé au travail et la prévention des risques professionnels : à la fois un métier, une ambition et un défi 

Quinze ans se sont écoulés et une dizaine de ministres du travail se sont succédé depuis l’adoption de la loi de modernisation sociale, en janvier 2002. Dans le même temps, pas moins de quatre lois ont réformé notre système de santé au travail.

La nécessité du passage de la médecine du travail à la santé au travail date de 1985…

La pénurie de médecins du travail est connue depuis 1987…

La directive européenne relative à la Santé au travail a été adoptée en 1989. Sa transposition, engagée dès 1991, ne s’est achevée qu’en 2016…

L’accord des partenaires sociaux sur la santé au travail et la prévention des risques professionnels a été conclu en septembre 2000…

Que de temps gaspillé alors que les questions de santé au travail sont de plus en plus prégnantes et… de plus en plus médiatisées.

Ce qu’on acceptait hier est devenu intolérable aujourd’hui. Expression jugée quasi naturelle des risques inhérents à certains métiers, les accidents du travail et les maladies professionnelles sont aujourd’hui des événements insupportables, qui nécessitent, en plus de l’indispensable réparation des préjudices, la mise en œuvre d’une politique de prévention adaptée à des risques professionnels qui ne cessent d’évoluer.

La prévention est une nécessité, gage de moins de souffrances humaines, gage aussi de coûts moindres pour les entreprises. Personne ne le conteste mais les actes et les résultats sont-ils à la hauteur des ambitions ?

Cette question, fondamentale, en appelle une seconde : quelle part les Services de Santé au travail peuvent-ils prendre dans l’amélioration des conditions de travail et la prévention des risques professionnels.

En clair, leur contribution est-elle en adéquation avec les missions que l’Etat leur a confiées ?

Une chose est sûre, au-delà des hésitations, des contradictions, voire des erreurs qui ont marqué les récentes réformes : leur contribution est fondamentale, en partenariat avec d’autres acteurs, publics et privés, à travers les actions des équipes pluridisciplinaires dont ils se sont dotés, regroupant des médecins du travail, des ingénieurs, des infirmiers, des techniciens, pour lesquels promouvoir la Santé au travail et la Prévention des risques professionnels est à la fois un métier, une ambition et un défi.

C’est cet esprit, ce sont ces valeurs qui, en dépit des difficultés rencontrées, sous-tendent toutes nos actions.

Ce texte est le reflet exact de ce que j’ai toujours pensé, exprimé et essayé de faire, dans tous les lieux où je me suis rendu et à tous les postes que j’ai occupés.

Il me servira naturellement de ligne de conduite dans les travaux auxquels je vais être associé dès mon retour en Métropole, dans les enceintes où je serai amené à faire entendre ma voix, qui est celle d’un « Professionnel de la Santé au travail », fier de l’être et heureux que cette qualité soit reconnue à travers la toute récente nomination au Conseil d’Orientation des Conditions de Travail.

Celle-ci marque d’ailleurs elle aussi un « retour aux sources » puisque, pendant 15 ans, de 1994 à 2009, j’ai eu l’honneur (et le bonheur) de participer aux travaux du Conseil Supérieur de la Prévention des Risques Professionnels (CSPRP, « ancêtre » du COCT) en qualité de représentant des Services interentreprises, dans la même Commission n° 5, connue à l’époque comme étant la Commission Médecine du travail, celle où s’est opéré progressivement le passage de la Médecine du travail à la Santé au travail…

Gabriel Paillereau
Copyright epHYGIE 26 août 2017
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2 Comments

Un fan

Votre nomination est une très bonne nouvelle et la photo des hauts vus d’en bas, assortie d’un magnifique coucher de soleil sur un fond nuageux, une très belle allégorie.

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Un fan

En regardant plus attentivement, il me semble que l’aube serait plus appropriée.

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