Réforme de la Santé au travail : vivement que les poules aient des dents !

Peut-être ne le savez-vous pas encore si vous n’êtes pas « branché ». Un événement grave s’est produit récemment à l’autre bout du monde : un Koala accompagnant un Wallaby qui avait pris en « KangooStop » un Ornithorynque en mal de voyage et de sensations, ont été écrasés par un de ces gigantesques camions qui sillonnent les grands espaces australiens. Parvenue rapidement aux oreilles d’un militant écologiste local, l’affreuse nouvelle de la mort brutale des trois animaux, dont deux appartenant à des espèces protégées, a aussitôt été diffusée sur la toile, urbi et orbi, accompagnée de propos peu amènes sur « tous ceux qui n’ont aucun respect pour la biodiversité », provoquant immédiatement le courroux des Gouvernants de pays voisins, irrités de croire se reconnaître au banc des accusés.

Relayée jusqu’au pays de sa Gracieuse Majesté, où la Presse ne rate pas une occasion de vilipender les habitants de l’ancienne Colonie, la nouvelle n’a pas manqué de susciter une émotion immense et de conduire illico à des incidents diplomatiques en cascade, nécessitant le recours à un médiateur reconnu au plan international, le Président Obama en personne, tout auréolé de sa brillante réélection à la Présidence des Etats-Unis.

L’affaire en serait restée là si, par jalousie ou pour une autre raison qui nous échappe (peut-être la mise en cause de sa responsabilité dans la disparition des Pandas géants), la Chine n’avait réagi avec violence en menaçant de représailles commerciales tous les pays qui se risqueraient à critiquer sa politique environnementale, provoquant immédiatement la panique sur les marchés, à New-York d’abord puis dans l’ensemble des Places boursières, Paris n’échappant pas à la contagion…

Vous aurez évidemment compris que ce n’est qu’une fable. Et pourtant, on n’est pas si loin de la réalité : il y a moins d’un mois, alors que la campagne électorale battait son plein aux Etats-Unis, de mauvaises statistiques en matière de chômage (contredites d’ailleurs dès le lendemain !) avaient provoqué un fort repli du Dow Jones, suivi par les autres principaux indices, Nasdaq, Euro Stoxx, Nikkei et C(ou)ac 40, mais fort heureusement compensé par une reprise de la production manufacturière dans la région de… Philadelphie, ville de « l’Amour fraternel ».

Grâce à Dieu ! Les Etats-Unis, l’Europe, la Terre entière, que dis-je, l’Univers l’avaient échappé belle !

Telle est notre Société, prompte à réagir à tout et n’importe quoi, sans délai et surtout sans réflexion. Dans le domaine financier en particulier, à l’origine et à la conclusion de beaucoup de nos maux actuels, ce qui nous conduit à rêver d’une Société simplement humaine renonçant à considérer l’évolution des cours de la Bourse, la progression des dividendes des actionnaires et les gains de productivité, avec ou sans choc de compétitivité, comme étant l’Alpha et l’Oméga de toutes les Politiques publiques, y compris en matière de Santé et de Sécurité au travail…

On peut en rêver certes, il faut même y croire, mais la probabilité que cela se produise bientôt est malheureusement faible. Autant dire quand les poules auront des dents, ce qui ferait de ces dernières une nouvelle espèce à protéger, au même titre que le Koala, l’Ornithorynque ou le Panda, une espèce d’autant plus digne d’intérêt qu’elle n’existe pas encore…

Gabriel Paillereau

Copyright epHYGIE novembre 2012

Tous droits réservés

PS : le texte ci-dessus ne remet nullement en cause, cela va de soi, la nécessité absolue qu’ont les Entreprises de disposer de marges de manœuvre pour créer des richesses.

Il vise simplement à illustrer une autre nécessité, tout aussi absolue : ne pas sacrifier l’Homme à la tyrannie de la Finance et aux intérêts des Financiers. En clair, Santé et Sécurité au travail ne sauraient être des variables d’ajustement au service d’une toute petite minorité.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *