Santé au travail : disparition d’Antoine Bervas, ancien Directeur de l’AFOMETRA

Antoine BervasLa plupart des Professionnels de Santé au travail en activité ne l’ont pas connu. Il a pourtant beaucoup œuvré en faveur de la Médecine du travail. Je veux parler d’Antoine Bervas, ancien Directeur de l’AFOMETRA, qui nous a quittés récemment. Ayant travaillé avec lui pendant de nombreuses années, alors que j’étais Délégué Général adjoint puis Délégué Général du CISME et de l’AFOMETRA, j’ai pu apprécier un homme d’une qualité humaine remarquable.

Discret, ouvert, cultivé, toujours le sourire aux lèvres, affable avec tous ses interlocuteurs, il avait développé, avec l’aide de sa fidèle assistante, Suzie Riche, et de Laurence, toujours fidèle au poste, la petite structure dont il était la cheville ouvrière, au point d’en faire un des principaux organismes de formation professionnelle continue en Santé au travail. Il avait su rassembler autour de lui une équipe de formateurs de grande qualité, d’une fidélité à toute épreuve en dépit de conditions d’exercice parfois difficiles, dues notamment aux locaux, exigus et peu appropriés à l’activité de formation mais tellement sympathiques…

Située à l’entresol d’un hôtel particulier de la rue de Prony, à proximité du Parc Monceau, la principale salle de formation était d’un accès difficile et d’un rare inconfort mais l’immeuble avait une autre « qualité », pour le moins surprenante, qu’il se plaisait à rappeler : n’était-ce pas là qu’avaient résidé, du temps de leur mariage, au début des années 50, le Prince Ali Khan et Rita Hayworth ? Une photo les montrant au balcon du premier étage, qu’il avait eue entre les mains mais que je n’ai jamais vue, en témoignait…

Antoine 4

La photo ci-contre a été prise dans la salle de formation de l’AFOMETRA, à l’occasion du départ à la retraite d’Antoine.

Il était poursuivi pour toutes les « fautes » commises dans l’exercice de ses fonctions.

Ses « défenseurs », à droite sur la photo, n’étaient autres que le Docteur Michel Blondet et votre serviteur, avec pas mal d’années en moins et de… cheveux en plus !

Nous avions beaucoup de choses en commun, dont deux méritent attention : notre date d’anniversaire, avec 20 ans d’écart tout de même, et notre attachement à la Santé au travail, domaine que nous avions découvert l’un et l’autre après des années de vie professionnelle consacrées à de tout autres activités.

Nous souhaitions la voir évoluer, s’enrichir, se moderniser, d’où la mise en place (qui doit beaucoup aussi à Michel Blondet, Médecin Conseil, en tenue d’avocat ci-dessus) d’une formation « longue » en ergonomie, destinée aux médecins du travail, conclue par un mémoire présenté devant un jury « européen » auquel appartenaient notamment Philippe Mairiaux, Professeur à l’Université de Liège (Belgique), et Daniel Ramaciotti, Professeur associé en ergonomie à l’Université de Neuchâtel (Suisse), qui comptent aujourd’hui encore parmi les meilleurs spécialistes en Europe…

Quand on voit les progrès de la pluridisciplinarité depuis plus d’un quart de siècle, on mesure bien le caractère pionnier et exemplaire de l’action de professionnels tels qu’Antoine Bervas, à la fois idéalistes et déterminés, pour faire progresser le système.

Je ne suis pas sûr en revanche que l’évolution actuelle le comblerait vraiment…

Sans doute ai-je été un peu trop bavard mais l’ampleur et la qualité du travail d’Antoine le justifiaient pleinement.

Salut, l’ami ! Je ne t’oublierai pas.

Gabriel Paillereau
Copyright epHYGIE 5 mai 2016
Photos GP
Tous droits réservés.

2 Comments

MICHEL LE LEZ

Beaucoup d’émotion à la lecture de ton message, Gabriel, en souvenir d’un finistérien fier de ses origines dont j’ai pu aussi apprécier les très grandes qualités humaines. Kénavo, l’ami !

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G. Paillereau

Quel plaisir de lire un commentaire de la part de Michel, pur Breton, vrai Directeur, ardent défenseur de la Santé au travail et… un des rares amis que j’ai rencontrés dans un milieu où, aux yeux de certains, le fait d’être proche de la Cour suffit à faire croire qu’on détient le pouvoir… Salut l’ami et au plaisir de te revoir, en Bretagne ou ailleurs, histoire de se rappeler ce temps, que nous avons partagé, où Médecine du travail et humanisme étaient indissociables.

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