Travail, Santé, Santé au travail : oublis en rase campagne

Quand on interroge les Français sur leurs préoccupations, deux thèmes se dégagent nettement : le Travail et la Santé.

En toute logique, ils auraient dû être au cœur des débats de l’élection présidentielle, comme aurait dû l’être la Santé au travail…

Or, alors qu’il ne reste que quelques heures avant la fin de la campagne, un constat s’impose : la Santé a été ignorée. Même traitement de fait pour le Travail, car, s’il a occupé une place centrale dans les débats, c’est « grâce au chômage », ou, pour l’exprimer de façon moins iconoclaste, à travers la problématique de l’Emploi, des seniors, des jeunes, des personnes peu qualifiées…

Rien ou peu de choses en fait sur son organisation, sur les conditions de travail, sur la souffrance au travail, alors que ces questions font régulièrement la une des journaux…

Ce paradoxe soulève une question d’importance : à partir du milieu des années 70, les partenaires sociaux, concentrés sur la lutte contre le chômage, ont négligé les conditions de travail, ce qui, soit dit en passant, explique en grande partie le retard accumulé par notre système de Santé au travail. Ce n’est finalement qu’avec l’accord de septembre 2000 sur la Santé au travail et la Prévention des risques professionnels que la problématique du travail (hors volume de l’Emploi), est arrivée (ou revenue) au premier plan de leurs préoccupations.

Des progrès indéniables ont été enregistrés les années suivantes, dont le Plan Santé au travail 2005-2009 est le meilleur témoignage.

Il semble hélas qu’avec la crise économique, on en soit revenu aux conceptions et pratiques d’avant 2000, ce qui revient à considérer le maintien du volume de travail comme essentiel, ce que l’on admet, quitte à s’accommoder de conditions de travail destructrices en termes de santé, ce qui ne peut être admis.

La loi du 20 juillet 2011 et les décrets du 30 janvier 2012 ne sont pas simplement l’expression d’un compromis entre l’Etat et certains des partenaires sociaux mais bel et bien celle d’un retour en arrière, porteur à brève échéance de dommages importants pour les Salariés et pour les Entreprises.

C’est pourquoi il faut espérer, quel que soit le candidat élu dimanche à la magistrature suprême, que ses conseillers lui fassent comprendre que les questions de Santé et de Travail ne peuvent pas, ne doivent pas se résumer à la mise en place d’indicateurs purement quantitatifs, et que, comme je l’ai écrit ici même en fin d’année 2011, s’il est indispensable de construire « l’Economie » de la Santé au travail, ce n’est pas en en faisant « l’économie » qu’on la fera progresser…

Gabriel Paillereau
Copyright epHYGIE  4 mai 2012
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