Article de rentrée au terme d’un été qui, s’agissant de la Santé au travail, n’aura été marqué par aucun événement marquant, la promulgation de la loi travail (le texte est accessible à partir du lien de bas de page), validée par le Conseil Constitutionnel à quelques détails près, n’en étant assurément pas un. Cela ne signifie pas pour autant que nous n’y reviendrons pas, cette loi constituant désormais le cadre de l’organisation et du fonctionnement de notre système, hélas privé une fois de plus de la réforme régénératrice dont il a tant besoin.
Si l’on excepte les attentats odieux de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray, qui ont fait l’objet d’un des derniers articles publiés avant notre pause estivale, et les Jeux Olympiques de Rio, qui ont occupé une bonne partie du mois d’août, l’actualité a été plutôt pauvre elle aussi, obligeant les médias à court d’informations « bankable » à essayer de faire de la mousse sans savon…
On a donc eu droit, comme chaque année, aux effets de la canicule, pourtant toute relative, et à l’inévitable préparation de la rentrée scolaire, qui nous a conduits à devoir arpenter les allées des grandes surfaces pour apprendre que l’achat des fournitures était une préoccupation majeure pour de nombreux parents, évidemment obligés de renouveler complètement l’équipement de leur progéniture…
On a également eu droit, ce qui était moins attendu, à la « folie Pokemon », véritable raz-de-marée médiatique, savamment orchestré comme s’il s’agissait d’un fait de société majeur alors qu’il n’est en fait qu’une énorme opération de marketing, des plus rémunératrices pour toutes ces Sociétés dont la principale caractéristique est de réaliser des profits énormes sans payer d’impôts, ainsi qu’à la « folie burkini », qui aura au moins eu le mérite de poser (sans la régler) une vraie question : celle de la compatibilité entre exercice de la liberté individuelle et respect des règles républicaines, quand ces dernières sont bousculées par des comportements, des actes dont la portée religieuse, si douteuse soit-elle, conduit, par pure provocation de la part de certains, à remettre en cause la laïcité et à semer le doute sur la validité de notre conception de la liberté et de l’égalité…
Les journalistes en mal de sujets permettant de remplir les longs temps d’antenne qui leur sont alloués ont depuis hier un autre sujet à se (à nous) mettre sous la dent : la démission de notre fringant Ministre de l’Economie, examinée sous toutes les coutures, complaisamment mise en scène tout au long de la journée, à commencer par l’intéressé lui-même, se déplaçant en navette fluviale de Bercy à l’Elysée, ainsi que par une foule de courtisans, certains n’hésitant pas à le présenter dès maintenant comme l’un des favoris de la prochaine élection présidentielle…
L’exploitation de ces pseudo-événements, montés en épingle pour simplement faire de l’audience, donc de l’argent, sont le reflet d’une société qui semble effectivement avoir perdu ses repères, noyée dans le virtuel, le « bling-bling » et le « people », négligeant trop souvent les événements majeurs qui secouent notre monde et les souffrances des plus faibles : il est effectivement moins « vendeur » de montrer une personne âgée obligée de faire les poubelles pour chercher de la nourriture que de suivre la résistible ascension d’un ambitieux Rastignac à la mode numérique, soucieux avant toute chose de son image et de sa propre réussite.
Parodiant le titre d’une célèbre bande dessinée (Mais où est donc passé Charlie ?) présentée sous forme de jeu aiguisant la curiosité et le sens d’observation de ses lecteurs, je serais tenté de poser cette question : mais où est donc passée la Raison ?
Une seconde me vient immédiatement à l’esprit : E. M. pour « En Marche » ?
Pour ma part, j’opterais plutôt pour « Et M…. ! »
Gabriel Paillereau
Copyright epHYGIE 31 août 2016
Pikachu en sable, artiste anonyme, Plage du Grau-du-Roi, 2 août 2016
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Pour accéder au texte de la Loi Travail du 8 août 2016 (JORF n°0184 du 9 août 2016), cliquer sur le lien suivant :
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