C’est à la suite du cycle de conférences La santé dans la crise, organisé par ATEMIS en 2014, qu’a été créée l’Association « Travail Santé Société Territoires » (TSST).
Son élargissement dans les prochains mois passe naturellement par une augmentation de sa « visibilité », d’où sa première initiative, qui est l’organisation d’un Colloque, en partenariat avec la revue Santé et Travail, dirigée par François Desriaux, et sous le marrainage de Madame Annie David, Sénatrice de l’Isère, Présidente de la Commission des Affaires Sociales du Sénat entre 2011 à 2014.
Je rappelle qu’avant de présider cette Commission, elle avait bataillé ferme contre la proposition de loi réformant la Santé au travail, tout au long de la discussion au Sénat, comme le prouve le Compte rendu analytique officiel de la séance du 8 juillet 2011, accessible à partir de l’article que j’avais mis en ligne le jour même sur notre site, Dernière minute : la proposition de loi réformant la Santé au travail adoptée à toute vitesse par le Sénat (on retrouvera, tout en bas de cette page, le texte de son intervention liminaire, faite juste avant le début la deuxième lecture de la proposition de loi et son adoption, suivie de la promulgation de la loi, faite à la hâte, le 11 juillet 2011).
Le Colloque organisé par l’Association TSST, « Santé et travail : repenser les liens. Quelles perspectives professionnelles, économiques et politiques pour agir autrement ? », se tiendra le 29 janvier 2016 au Palais du Luxembourg.
Son enjeu ? Désenclaver la Santé au travail.
Repenser les liens entre la santé et le travail signifie prendre la mesure des transformations profondes du travail, comme activité économique et expérience subjective, et des enjeux de santé, des personnes et de la collectivité. La santé au travail ne se tient plus dans les seuls domaines de compétence des spécialistes de l’hygiène et sécurité, des pathologies professionnelles et de la prévention des risques, mais elle vient au cœur des préoccupations de tous les acteurs en charge du pilotage des organisations, du développement durable des territoires et de la vie en société.
Son ambition ? Penser les rapports de la santé au travail et du travail à la santé comme étant deux leviers essentiels pour ouvrir de nouvelles perspectives pour les métiers de l’entreprenariat et du management, pour les métiers de la santé et pour les métiers du politique.
A charge ensuite, pour TSST, de favoriser l’émergence d’une communauté de pensée et d’action fondée sur la centralité du travail dans le pilotage des organisations, la compréhension des questions de santé publique, la vie en société et la qualité des territoires.
Je note que ce Colloque fait largement écho à ceux que nous avons déjà organisés, Regards croisés sur la Santé au travail (le 29 novembre 2011) et Manager la Santé au travail par temps de crise (le 18 septembre 2012), et précédera de peu la troisième édition de nos Regards croisés, Les relations travail/santé : entre grandeur, misère et décadence, initialement prévue à la fin de l’année 2013 et reportée au printemps 2016, que nous avons malheureusement dû différer à plusieurs reprises pour des raisons indépendantes de notre volonté.
C’est évidemment avec le plus grand plaisir que j’invite tous les Professionnels qui fréquentent notre site depuis sa création, en avril 2011, à retenir la date du 29 janvier 2016 pour une Journée de réflexion et d’échanges qui promet d’être extrêmement riche compte tenu de l’expertise des Organisateurs du Colloque, que j’ai pu apprécier personnellement à diverses occasions, notamment dans une manifestation que j’avais organisée moi-même (Premiers Regards croisés sur la Santé au travail, auxquels avait participé François Desriaux) et dans une seconde, où j’étais intervenu à l’invitation de François Hubault (Séminaire annuel de Paris 1 ayant pour thème La dynamique des métiers de l’ergonomie – Nouveaux enjeux de coopération et de pluridisciplinarité, organisé à la Sorbonne en juin 2013), .
Je me permets de préciser que les actes de ce Séminaire viennent justement d’être publiés par Octares Editions, ce qui explique l’alerte que je leur ai consacrée ici-même il y a quelques jours…
L’objectif du Colloque organisé par TSST est de lancer les échanges entre les différents acteurs concernés autour de trois thèmes, mêlant conférences, tables rondes et débats :
- Santé, Travail et Performance : quels liens ? Comprendre les fondements économiques des évolutions des problèmes de santé, un enjeu commun aux métiers de la santé et aux métiers du management.
- Le management et les modèles économiques interpellés par la santé mentale au travail. Quand la subjectivité vient au cœur des activités de travail, comment bouscule-t-elle les pratiques managériales et les dispositifs organisationnels, notamment les dispositifs d’évaluation ?
- La santé au travail et les territoires : une question politique. Repenser la configuration des ressources de prévention, de développement de la santé et de développement économique à l’échelle des territoires ; faire émerger de nouveaux dispositifs de coopération entre acteurs de la santé, entreprises et collectivités.
Le programme détaillé du Colloque sera communiqué après la réunion du Comité scientifique, qui se tiendra mi-décembre.
Pour de plus amples explications, je vous invite à vous rendre sur le site de l’Association TSST à partir du lien suivant :
Travail Santé Société Territoires – TSST
Vous y trouverez, en plus de renseignements sur le Colloque lui-même (présentation, Comités d’organisation, programme, modalités d’inscription et informations pratiques), toutes informations utiles sur l’Association TSST elle-même, son projet, ses acteurs (personnes physiques et personnes morales, dont epHYGIE), son activité et ses modalités d’adhésion.
Il va de soi qu’epHYGIE s’associe pleinement au succès de cette manifestation et que nous mettrons régulièrement à jour sur notre site les informations la concernant, à commencer par le programme détaillé, dès qu’il sera définitivement arrêté.
Gabriel Paillereau
Copyright epHYGIE 17 novembre 2015
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Intervention de Madame Annie David, au Sénat, le 8 juillet 2011 :
Mme Annie David. – Je ne partage pas l’analyse de Mme le rapporteur. Les partenaires sociaux avaient refusé d’entamer la discussion sur cette base.
Le texte procure, certes, de petites satisfactions mais il est également source de grandes déceptions. Le caractère pluridisciplinaire de la santé au travail n’est pas suffisamment renforcé.
La souffrance au travail est mal prise en compte, quand elle n’est pas purement et simplement déniée. Voir les déclarations inadmissibles du président-directeur général de France Telecom qualifiant les suicides au sein de l’entreprise de phénomène de mode ! Des propos difficiles à entendre alors que l’on estime à 400 chaque année le nombre de suicides liés au travail.
Mieux aurait valu traiter le problème de la démographie médicale plutôt que de chercher un palliatif dans le transfert des tâches du médecin aux autres membres de leurs équipes. Si j’avais eu plus de temps, j’aurais également voulu parler des moyens…
J’en viens à la gouvernance. Je regrette le recul par rapport à la position du Sénat, la présidence n’est plus alternée mais confiée à l’employeur. En somme, un droit de veto patronal ! Certes, les représentants des salariés auront le poste de trésorier, mais quelle maîtrise auront-ils sur un budget qui n’est pas le leur ?
La médecine du travail ne se limite pas aux services de santé au travail ; elle n’a pas à répondre aux seuls desiderata des employeurs. Comme nombre de représentants syndicaux, nous sommes déçus. Ce texte ayant enregistré des reculades depuis la première lecture, nous ne le voterons pas !
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