Plus qu’un jour avant le prochain Conseil des Ministres, au cours duquel François Rebsamen officialisera sa démission. Nous allons donc découvrir bientôt l’identité de son successeur. La situation a peu évolué depuis notre précédent article, Ministère du travail : quel successeur pour François Rebsamen ? Pour quelle Santé au travail ? : les noms d’Alain Vidalies et de Jean-Marc Germain sont toujours les plus cités. Celui de Laurent Grandguillaume a, lui, disparu des écrans radar, tout comme, c’était prévisible, ceux de Jean-Vincent Placé et de Gérard Filoche, les plus grosses « cotes » parmi les prétendants supposés, rêvés, voire fantasmés par certains…
Comme on pouvait s’y attendre, de nouveaux noms ont émergé, au premier rang desquels ceux de Stéphane Le Foll et de Jean-Michel Baylet. Quel crédit leur accorder ? S’agissant de Stéphane Le Foll, actuel Ministre de l’Agriculture, embourbé dans les problèmes que connaît la filière porcine, on imagine mal qu’il puisse quitter ses fonctions actuelles avant que le problème soit résolu (si tant est qu’il puisse l’être bientôt). Son départ, dans le contexte actuel, serait probablement vécu comme un abandon de poste. Plutôt mauvais en termes d’image, aussi bien pour lui-même que pour le Gouvernement auquel il appartient. Pas de chance pour lui : la crise du marché du porc est arrivée au pire moment, alors que, proche parmi les proches de François Hollande, il disposait de sérieux atouts. Largement supérieurs, cela ne fait aucun doute, à ses compétences dans le domaine du Travail, et, a fortiori, de la Santé au travail, ce dernier lui étant, disons-le tout net, totalement étranger…
Comme il l’est aussi pour Jean-Michel Baylet, qui, à ma connaissance, n’a jamais eu à traiter la moindre question de la responsabilité du Ministère du Travail. Alors, la Santé au travail, pensez donc ! Son Quotidien, tout puissant dans la région Midi-Pyrénées, ne s’est pas spécialement signalé ces dernières années par sa couverture des difficultés de la Santé au travail, pourtant connues de tous, dans sa Région en général, et dans le Département de la Haute-Garonne en particulier. Un seul article (à ma connaissance), « accidentel » et même quasi « miraculeux », publié en février 2010 et demeuré sans suite, L’opaque gestion de la médecine du travail, en a porté témoignage, alors que, depuis le début de l’année 2009, les informations n’ont pas manqué, ne serait-ce que lorsque la Cour des Comptes a rendu public son Rapport sur la Santé au travail, en novembre 2012 (on pourra accéder à ce Rapport et à une partie de commentaires qui lui ont été consacrés sur notre site à partir des liens suivants : Les Services de Santé au travail interentreprises, une réforme en devenir : Rapport de la Cour des Comptes et L’agrément dans la Circulaire du 9 novembre 2012 à la lumière du Rapport de la Cour des Comptes : des « exemples » à « l’exemplarité » ?).
En clair, on ne trouve pratiquement aucune trace, dans la ligne éditoriale de son journal, très révélatrice de sa ligne politique personnelle, d’un quelconque engagement au service de la Santé au travail. On notera en revanche le fait qu’il ait accepté de publier, en 2007 ou 2008, dans les pages centrales de l’édition « tarn-et-garonnaise » de son quotidien, un excellent « publi-reportage » élaboré par le Service interentreprises de Santé au travail de Montauban (SMTI 82). Je me rappelle avoir, à l’époque, loué cette initiative auprès des Présidents et Directeurs des Services interentreprises de Santé au travail réunis à Paris, une initiative propre à combler le déficit de communication dont souffrait (et souffre encore) la Santé au travail auprès des PME et TPE.
Difficile, malgré cela, d’imaginer que cela suffise pour qu’il soit considéré comme LE candidat idéal, même si on comprend qu’il puisse rêver d’un retour aux affaires au plan national, après les déboires électoraux qu’il a subis ces deux dernières années.
Comme l’éventualité de l’arrivée au Gouvernement d’une personnalité issue de la Société civile apparaît exclue en raison de l’agenda politique des prochains mois, le choix qu’arrêteront François Hollande et Manuel Valls sera éminemment politique.
Alors ? Alain Vidalies ou Jean-Marc Germain ?
A moins que nos « magiciens en chef » ne parviennent à faire sortir un lapin de leur chapeau puisque, comme l’a dit Didier Guillaume, Président du groupe PS au Sénat, « Ce ne sont pas toujours ceux qui sont en tête des pronostics qui sont en tête à l’arrivée ».
Une surprise est donc toujours possible. Possible certes, mais, honnêtement, combien y a-t-il de responsables politiques appartenant à l’actuelle majorité qui maîtrisent le sujet ? Gérard Sébaoun est à ma connaissance le seul Député socialiste à connaître et à défendre la Médecine du travail, et, à travers elle, la Santé au travail. Il a assurément les qualités requises pour faire avancer favorablement un dossier sérieusement dévoyé et plombé par la première salve d’amendements issus du Rapport Issindou mais on ne fera certainement pas appel à lui, le spécialiste, qui n’a pas hésité à prendre le contrepied de François Rebsamen et de Michel Issindou dans les récents débats à l’Assemblée Nationale…
Du coup, l’hypothèse du choix d’un continuateur de la ligne « Bertrand-Sapin-Rebsamen » apparaît la plus probable.
Tant qu’on y est, pourquoi ne pas pousser la logique jusqu’au bout en faisant appel à Michel Issindou en personne pour « finir le travail » ?
Simple boutade, évidemment. Je n’oublie pas en effet que le cœur de métier du futur Ministre du Travail sera évidemment l’Emploi, encore l’Emploi, toujours l’Emploi, non la Santé au travail, et que, pour le développer, on ne s’encombrera pas de questions jugées secondaires. Et la question de la Santé au travail est de celles-là !
Circulent aussi les noms de Bruno Le Roux, de Jean-Yves Le Drian et de nombreux « sous-fifres » du PS, dont on trouvera la liste en consultant l’article du Huffington Post cité en bas de page.
Il y aurait bien une candidate théoriquement « idéale » en la personne de Martine Aubry mais le poste n’est évidemment pas à la mesure de son ambition…
Boutade encore, cela va de soi, mais Jean-Marc Germain n’est-il pas son alter ego (ou son factotum) ?
Tout est donc apparemment ouvert et chacun peut se livrer, pendant quelques jours encore au jeu des pronostics (jusqu’au début du mois de septembre, semble-t-il).
En ne perdant pas de vue que, dans les faits, c’est aujourd’hui le Ministre de l’Economie qui détient le pouvoir pour la plupart des questions relatives au Travail, dont la Santé au travail, comme le prouve la tentative avortée de réforme du système par voie d’Ordonnance, à l’automne 2013…
Il semble d’ailleurs, aux dernières nouvelles, que l’hypothèse d’un grand Ministère associant Economie et Travail soit également sur la table. Ce qui donnerait tous les pouvoirs à Emmanuel Macron. Une façon de faire coïncider le réel et le prescrit ? Pas sûr que cela plaise à tout le monde…
Gabriel Paillereau
Copyright epHYGIE 18 août 2015
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